| L’EXPOSITION "HOMMES ET DIEUX" DE SÉRGIO PRATA, À
            CURITIBA (PR) BRÉSIL, 1990.  "L’art peut ne pas être capable de changer le monde et je
            crois que ce n'est pas sa fonction. S'il en était ainsi, l’alerte de "Guernica"de
            Picasso aurait évitée quelques catastrophes. Cela ne veut pas dire que l’oeuvre
            de certains artistes arrive  à se détacher de la réalité. Au contraire, le
            véritable artiste est un être en état d’alerte, quelqu’un dont la vie
            intérieure, en constante ébullition, permet de capter les bons et mauvais moments.
            La peinture de Sérgio Prata prévoit cette possibilité. Faisant partie d’un
            contexte parfois perturbé, l’artiste se révèle passeur de ces rapports. En
            jetant toutes ces questions sur la toile, Prata a créé des personnages
            imprégnés d’émotion. Dénonçant parfois un moment social critique, d’autres
            fois un état intérieur du peintre. Ces questions deviennent évidentes aussi
            bien dans l’expression de l’homme simple, le pêcheur ou l’agriculteur,
            que dans ses personnages mythologiques. C'est le cas d'Icare essayant de 
            sortir des ombres, avec son air desesperé, en luttant pour réouvrir ses ailes
            et renaître vers le soleil. Une analogie à un moment de vie de l’artiste,
            quand, après avoir passé un certain temps sans créer, il ressent la nécessité du retour vers la
            peinture. 
                         Ce qui caractérise l’oeuvre de Sérgio Prata est la force
            de ses personnages  dépassant presque l’espace de la toile. Il présente une
            morphologie qui est le fruit de ses études d’anatomie humaine faites en France. À
            partir de cela, il recrée de grandes et vigoureuses figures qui reflètent,
            dans la vision de l’artiste, l’esthétique du peuple latino-américain. Par
            leur taille, elles se montrent comprimées dans l’espace, évidence d’une révolte de la peinture contre l’encadrement ou  de l’individu
            contre la societé. Analogie à l’encadrement qui pose des limites à la peinture
            ainsi qu'aux limites que rencontre l’individu de par le contexte dans lequel il vit. Cette oeuvre fut
            le résultat d’un conflit vécu par l’artiste à son retour
            au Brésil, après avoir passé quelques années d’expériences en France. Il a
            ressenti un choc culturel, quelquechose d’anachronique. Son horizon devenu
            plus ample, se retrouvait alors restreint. La sensation de voir davantage
            et de ne pas réussir à transmettre   cela aux autres, signifiait l’angoisse d'un retour à ses origines sans réussir à atterrir dans son propre pays. Essayer de transposer vers la toile des questions internes
avec tant de charge émotionnelle signifiait pour Sérgio Prata une
recherche personnelle et des découvertes. Quand il s’est aperçu qu’étant lié à ces
questions il pourrait  ne faire alors qu’une oeuvre temporelle, il
a decidé de tourner la page. Il n'a pas perdu, en le faisant, sa cohérence et sa
vigueur. Il sent alors une nouvelle spiritualité, trouve une sérénité, quelquechose
d'indépendant à la volonté de l’artiste qu'il ne doit pourtant pas
réprimer. Il se laisse aller. À partir de ce moment il ne s'astreint pas systématiquement à un
travail cérébral. Il croit à une spiritualité plus oecuménique. Il n’accepte
pas le prosélytisme ni les idées préconçues. Pour Prata le doute
est salutaire et l’excès de conviction  atroce. Être ouvert à tout
ce qui vient et  pouvoir capter des moments et les transposer sur le
support est superbe. Pour lui, le vrai art est presque un symptôme, c’est le
témoignage d’une époque, d’une culture. C’est la façon dont l’artiste
s’utilise pour exprimer la réalité et les souhaits de l’être humain.
"Ça c’est penser comme un expressionniste". Ce sont ces oeuvres qui
transmettent un sentiment pur, qui ont une vibration de vie et qui résument le
monde. C’est l’unique art qui dépasse le temps et qui sera infiniment
admiré." MARLENE DE ALMEIDACRITIQUE D’ART
      TEXTE CRITIQUE - JOSÉ CARLOS FERNANDES LORS DE LA SORTIE DU
LIVRE "TECHNIQUES DE LA PEINTURE", publié à la page 5 du Cahier de
Culture du journal Gazeta do Povo du 10 décembre 1995, à Curitiba.
 "Sérgio Prata pense qu’un vrai artiste doit savoir conjuguer
            le verbe partager. Je... Tu...Il....partage... En raison de la force de cette
            parole, il n'a pas tardé à voir se réaliser un de ces vieux
            rêves: écrire un livre. Ce serait normal...si le sujet de cette oeuvre n’était
            pas si rare dans les bibliothèques. Pas à pas , peu à peu, Prata a voulu confectionner une sorte d'ouvrage de référence dans
            lequel les diverses techniques de création pourraient être cataloguées.
            Pas seulement cela. Il a décidé d’illustrer chacun de ces
            mystères de l’art à l'aide d'oeuvres faites par lui-même. Rien de plus juste.
            Après avoir été quasiment l’unique fresquiste en activité au Brésil et avoir spéculé sur de nombreuses
            façons de traiter  les matériaux, l’artiste n’avait que deux
            alternatives: soit il cachait, soit il montrait l’or. Il a choisi la deuxième
            option.Le résultat de la révélation de ces secrets, quelques-uns
            millénaires, pourra être connu le  dimanche 17 décembre 1995, jour où
            Sérgio Prata va montrer à Curitiba le produit d’un rêve poursuivi :"Techniques
            de la Peinture", une luxueuse édition illustrée en couleurs, qui a
            nécessité deux années de travail, beaucoup de persévérance, plusieurs essais
            photographiques et beaucoup, beaucoup de recherche. Un marathon de cette
            ampleur a un but très spécial: susciter chez les peintres un plus grand
            intérêt pour la rigueur technique. "À cause du manque de connaissances,
            beaucoup d’oeuvres d’art n’arriveront pas au XXIème siècle"
            remarque Sérgio, conscient que sa démarche pourra aider à faire un revirement
            dans ce sens."
 CLASSIQUE, OUI, MONSIEUR.  Rien d’eschatologique. Ce Paulista (celui qui vient de São
            Paulo) qui a étudié à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris
            préfère faire des paris. Il y a neuf ans, il a choisi d’habiter à Curitiba
            parce qu'il pouvait y travailler à sa façon: la tête pleine d'idées, des projets
            diversifiés, de l'expérimentation.
 Pour se présenter, il répète une phrase que le
            journal Français "Le Parisien" lui a dédié en 1985: "Sérgio
            Prata est un de ces artistes qui ne se laissent pas enfermer dans un genre ou un
            style". Ainsi parle aussi Prata. Quand interrogé sur les styles, langages et
            autres bavures, il répond du haut de ses 32 ans, qu’il est jeune, que ce
            qu’il veut vraiment c’est  connaître les formes créatives, l'une après l’autre,
            sans peur d’être heureux. "Ma formation est assez classique, je ne la
            nie pas, même si l’influence expressionniste est assez forte", rajoute t-il.
            En plus de cela, pour lui, il est l’heure de passer au devant de la face la plus
            vibrante de sa recherche artistique: les techniques. "Beaucoup d’artistes gardent ce qu'ils ont appris
            comme si c’était un secret professionnel. Il est fréquent pour les diplômés d’art
            d’avoir besoin de cours supplémentaires", dit Prata. Sans Parler des
            pratiques et procédés qui tombent dans l’oubli. Dans l’intention de casser
            ce cercle vicieux, cette "samba à une seule note", le peintre
            écrivain s’est aperçu qu’il pouvait donner un coup de main pour l’avènement
            d’un répertoire plus varié. Ce n'est pas que les langages contemporains soient
            dépourvus de créativité ou qu'ils négligent des matériaux intéressants. Mais grâce à ce livre, Sérgio Prata donne l’opportunité de connaître des techniques que le temps avait laissé en arrière. Sérgio trouve son chemin et nous offre dans "Techniques
            de la peinture" des enseignements bienvenus dans n’importe quelle école ou
            tendance. Merci. Préparer une toile, qu’en pensez-vous? Encolage, enduit et
            autres recettes offrent des chemins sur des sentiers étroits. Ce sont
            des vieilles (et correctes) leçons qu’un bon peintre ne peut  ignorer. Que
            pensez-vous de plonger dans les lois chimiques qui régissent les pigments (et de
            voyager dans la signification de chaque couleur)? Des détails. Le grand
            aboutissement de la compilation faite par Sérgio Prata paraît se référer au
            marché du travail. En enseignant la peinture sur céramique en glacis, l’auteur
            nous présente un procédé qu’il connaît (Prata a fait quelques murales dans
            ce genre) et nous offre une alternative d’activité rémunérée pour les artistes. On
            peut en dire de même sur les techniques de la fresque. Oubliées dans les pages
            jaunies des livres d’histoire, elles peuvent nous révéler des sorties et des
            solutions à une époque où les oeuvres de grandes dimensions suscitent tant de
            sympathie. On peut ajouter encore l’encaustique, les techniques à l’huile
            des Hollandais (émulsion et medium), les formules de l’aquarelle et de la gouache, la
            manipulation et la fabrication des agglutinants, les techniques à la cire d’abeille...On
            va loin. Parler des Fresques aujourd’hui peut  sembler un
            peu exotique. Pas pour Sérgio Prata. La chronique d'une mort annoncée n’est
            pas un bon titre pour cette partie du livre. "Au contraire de ce que les
            personnes pensent, une fresque bien faite met longtemps à se détériorer. Elle
            respire par l’arrière et est adaptée à notre climat chaud. La fresque
            ne résiste pas seulement au vandalisme", nous enseigne t-il.  L’étrangeté ne l’intimide pas.  "Je suis comme un dinosaure
            qui marche dans les rues", s’amuse Sérgio Prata, tout en parlant de l’appui
            qu'il reçoit des grands noms de l’Art, comme le peintre Carlos Scliar et du
            nombre de personnes qui acourrent aux cours et débats, intéressés par ces
            "vieilles nouveautés", qu’il sort de son bahut. Le verbe partager
            continue d’être conjugé, à travers les siècles. Renseignements: livre Techniques de la peinture,  couleurs, Édité avec l´appui de la loi Municipale sur la
            Culture de Curitiba.
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